L’olivier, témoin de toutes les saisons
Paras la Méditerranée, l’olivier (Olea europaea) compte parmi les plus anciens compagnons de la vigne. Importé en Provence dès l’Antiquité, il partage volontiers les sols pauvres, secs et pierreux recherchés par la viticulture. C’est dans le triangle d’or provençal, entre l’Estaque, le Var et la Méditerranée, que des oliveraies parfois millénaires côtoient des parcelles de mourvèdre ou de grenache. Dans le Bandol, la zone compte environ 1200 hectares d’oliveraies (source : Afidol), répartis en toute petite propriété, souvent en têtes de parcelles ou en bordure de restanques.
- Racines profondes, sols pauvres : L’olivier est capable de survivre sur des terres arides où la vigne prospère difficilement, mais il supporte également des associations culturales sur les terrasses exposées sud ou sud-est.
- Rôle climatique : Sa canopée dense freine le ruissellement, protège les jeunes vignes des tempêtes automnales et atténue l’effet desséchant du mistral. Une parcelle plantée d’oliviers en bordure gagne près de 2°C en température moyenne par rapport à une zone totalement dégagée (source : Chambre d’agriculture du Var, étude de 2019).
- Patrimoine vivant : Les oliviers sont fréquemment taillés en gobelet, comme la vigne, et bénéficient de pratiques agroécologiques communes : mulching, paillage, traitements naturels à la bouillie bordelaise.
Le cyprès, gardien des vents et des mémoires
De l’avis de nombreux viticulteurs, il n’y a pas d’horizon en Provence sans un rang de cyprès – Cupressus sempervirens – dressé en sentinelle. Pour le Val d’Arenc, ces arbres ne sont pas des reliques de jardins d’abbaye : ils filtrent les flux, structurent visuellement l’espace et jouent un rôle multiforme dans la cohabitation avec la vigne.
- Effet brise-vent : Le cyprès peut réduire de 65 à 75 % la vitesse du vent jusqu’à 5 fois sa hauteur (source : INRAE, étude Méditerranée Environnement 2015), un paramètre crucial dans la maîtrise de l’évapo-transpiration et la protection des grappes lors des coups de mistral.
- Biodiversité abritée : Une haie de cyprès, même plantée pour délimiter une propriété, devient vite un écosystème pour les oiseaux insectivores, lézards, chauves-souris et certains pollinisateurs nocturnes. Cette diversité est essentielle pour la lutte biologique contre les ravageurs de la vigne.
- Tradition et symboles : Le cyprès marque souvent la présence d’un ancien mas ou d’un chemin rural ancestral. Sa présence est fréquentative dans les replantations récentes, car il structure durablement le paysage.
Vigne et arbres : une alliance ancestrale mais fragile
Longtemps, la polyculture était la norme en Provence : chaque exploitation ménageait une coexistence méthodique de la vigne, de l’olivier, du blé ou de l’amandier. Les pratiques de monoculture intensives du XXe siècle ont fragilisé ce modèle, mais dans le Val d’Arenc, certains vignerons remettent à l’honneur les combinaisons végétales :
- Enherbement maîtrisé entre rangs d’olivier et de vigne pour favoriser la faune auxiliaire
- Plantation de bandes alternées cyprès/vigne pour former des couloirs écologiques
- Utilisation des résidus d’oliviers (feuilles, tailles) comme amendement organique dans les jeunes vignes
Ce retour à la diversité, validé par de récentes études agroécologiques, vise autant la résilience face au changement climatique que la signature gustative du cru.