Si le relief est la scène, l’érosion est la main de l’artiste. Dans la région de Bandol, elle est double : mécanique et chimique.
L’érosion mécanique : vents, eaux, racines et gravité
Ici, la pluie n’est pas quotidienne mais parfois torrentielle. Les précipitations annuelles, autour de 650 mm (Météo France), tombent pour moitié lors de quelques épisodes cévenols, souvent au printemps ou à l’automne. Sur les pentes raides, l’eau ruisselle et entraîne petits cailloux et argiles : naissent les fameuses “restanques” — ces terrasses bâties depuis l’Antiquité pour retenir la terre, éviter la fuite des éléments fertiles vers la mer.
- Le mistral, puissant vent du nord, accélère la dessication et participe à la fragmentation superficielle du sol
- Les racines des plantes, en s’immisçant dans les fissures du calcaire, participent à la désagrégation des roches
Chaque hiver, la gravité fait glisser un peu de la terre arable vers les fond de vallons. Sans l’effort patient des vignerons, près de 40 % du sol aurait déjà été perdu en un siècle sur les terrains les plus escarpés (INRAE, Étude sur l’érosion des terroirs méditerranéens).
L’érosion chimique : la lente alchimie de la pluie et du calcaire
Le calcaire, roi du sous-sol bandolais, réagit au contact de l’eau légèrement acide, libérant ions calcium et oligo-éléments. Cette érosion n’est pas destructive : elle participe à l’enrichissement du sol en minéraux assimilables, tout en creusant, lentement, de minuscules grottes et failles.
- Le calcaire rend la terre poreuse, favorisant drainage et profondeur des racines
- L’argile, quant à elle, retient l’eau et tempère la vigueur de la vigne
Sur chaque mètre carré de restanque, des dizaines de générations de vignerons ont observé comment l’eau, la lumière et la roche dialoguent, modifiant sans cesse la carte secrète du sol.